Trouvez ci-joint une sélection d’articles parus dans la presse.
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En mars dernier, le président de la République a annoncé vouloir inscrire dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat la suppression de la redevance audiovisuelle. Une mesure qui inquiète l’ensemble de l’audiovisuel public qui craint pour son financement et pour son indépendance. C’est également l’éventuelle fusion de plusieurs entités qui est redoutée. Hier, mardi 28 juin, à l’appel d’une intersyndicale de huit organisations dont FO, les personnels étaient en grève. Une journée d’action massivement suivie. Le Secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, s’est rendu hier à la manifestation parisienne, pour apporter le soutien de la confédération.
Les échos : Grève très suivie dans l'audiovisuel public
Musique sur les antennes de France Inter ou de Franceinfo, rediffusions sur « Télématin »… Les antennes du service public étaient très perturbées mardi par un mouvement de grève contre la suppression de la redevance audiovisuelle.
Les salariés de France Télévisions et de Radio France, mais aussi de France Médias Monde (France 24, RFI…), Arte et l'INA étaient appelés à cesser le travail par une intersyndicale CGT-CFDT-FO-SNJ-SUD-UNSA-CGC-CFTC.
Une grève très suivie dans les différents médias. (…) Les premiers chiffres en fin de journée vont dans ce sens : A France Télévisions, 26% des salariés ont suivi le mouvement (hors Outre-Mer) «du jamais vu», dit le groupe. A Radio France, 24% des collaborateurs qui devaient travailler ce jour ont fait grève. Et, selon les données du SNJ de Radio France, à la mi-journée, près des trois quarts des journalistes étaient en grève. Un rassemblement était également prévu à mi-journée boulevard Montparnasse à Paris, pour un défilé en direction de l'Assemblée nationale.
A l'origine du mouvement, la défense de l'audiovisuel public face à la suppression de la redevance (138 euros par an en métropole). Cette mesure a été proposée pendant la campagne présidentielle par Emmanuel Macron, pour redonner du pouvoir d'achat. La redevance serait remplacée par un financement pluriannuel. D'ailleurs, en mai, le gouvernement avait confirmé que les Français ne paieraient plus de redevance dès la rentrée. Mais pour les organisations syndicales, le budget ne « peut pas être décidé par le gouvernement et soumis aux aléas du vote des lois de finances annuelles ». « Il doit disposer d'une ressource affectée, garantissant au mieux son indépendance économique et politique tant en termes d'information que de diversité culturelle », selon un tract syndical commun qui rappelle que la redevance représente 38 centimes par jour.
Les syndicats craignent aussi un rapprochement entre les différentes entités du service public (Radio France, France Télévisions, etc.) pour créer une entreprise unique, comme cela a été évoqué par le Sénat.
Plus généralement, une certaine incertitude plane, dans l'attente des détails sur la loi sur le pouvoir d'achat qui doit être présentée le 6 juillet en Conseil des ministres, mais aussi des arbitrages du Parlement qui suivront concernant l'organisation de l'audiovisuel public. Et ce d'autant que le rapport sur la redevance commandé à l'automne par le Premier ministre d'alors, et confié à l'Inspection générale des finances et à l'Inspection générale des affaires culturelles, n'est toujours pas sorti. Il y a une certaine urgence à trouver une solution sur le financement, alors que la taxe d'habitation avec laquelle la redevance était jusqu'à présent collectée est, elle, supprimée.
La Croix : Grève dans l’audiovisuel public : des salariés très mobilisés
Les salariés de France Télévisions et Radio France ont massivement fait grève ce mardi 28 juin, rejoints par ceux de France Médias monde et de l’INA. Inquiets des incertitudes pesant sur l’audiovisuel public et son financement, les syndicats veulent sensibiliser l’opinion et menacent d’autres mouvements à la rentrée.
Derrière la bannière « Sauvons l’audiovisuel public », des salariés en grève se sont rassemblés à midi devant la gare de Montparnasse pour converger vers l’Assemblée nationale à l’occasion de la première séance des nouveaux députés. (…)
Sur les pancartes, des slogans comme « Sans redevance, rendez-vous en terre inconnue » ou « #TouchePasAuxMédiasPublics » donnent le ton. Tandis que des journalistes font part de leurs inquiétudes sur des réseaux sociaux comme Twitter. « La fin de la redevance (ressource affectée) et son remplacement par un budget décidé par chaque gouvernement risquent de soumettre le service public aux arbitrages et pressions politiques incessantes. En clair, de le fragiliser et de mettre en danger son indépendance », explique le journaliste Samuel Étienne à ses 334 000 abonnés. « Nous ne sommes pas des journalistes militants, mais des militants du journalisme. Pour continuer des enquêtes indépendantes, il faut un financement indépendant », renchérit Tristan Waleckx, à la tête de « Complément d’enquête » sur France 2.
Pour tenir sa promesse présidentielle « en faveur du pouvoir d’achat » de supprimer la redevance (138 € par an) sans priver l’audiovisuel public de ses ressources, Emmanuel Macron a proposé de financer les médias publics sur le budget général dans un cadre pluriannuel, dont les modalités restent à préciser. « Si on nous garantissait que chaque année pendant cinq ans, dans le cadre d’une loi programmatique, l’audiovisuel public recevrait, comme en 2021, 3,5 milliards par an, nous serions rassurés. Mais il n’est pas prévu à ce jour de sanctuariser ce budget », note Serge Cimino, qui répète son slogan : « Défendre la redevance n’est pas populaire, mais la supprimer est volontairement populiste. »
Sur leurs tracts, les syndicats défendent le maintien d’une ressource affectée et pérenne via une redevance universelle qui serait collectée, comme en Allemagne, auprès de tous les foyers fiscaux ou auprès des opérateurs télécoms, à l’image de l’Espagne. Dans une étude commandée par la Fondation Jean-Jaurès, l’économiste Julia Cagé suggère par exemple une contribution proportionnelle de 0,25 % sur tous les revenus.
À France Télévisions comme à Radio France, on craint que la loi de finances rectificative sur le pouvoir d’achat soit votée cet été par un recours au 49.3, ou que le gouvernement, faute de majorité à l’Assemblée, cherche à donner des gages au parti Les Républicains sur l’audiovisuel public. Or les sénateurs LR ont renouvelé le 14 juin leur proposition d’une fusion des médias publics, et même de leurs rédactions. Dans Le Figaro, la présidente de Radio France Sibyle Veil s’est opposée à une telle perspective, qui met vent debout la Maison ronde.
« On ne travaille pas du tout comme la télévision. Fusionner serait nier nos spécificités. Il faudrait aussi aligner nos salaires, note Guillaume Gaven, élu SNJ à Radio France. Nous sommes dans un flou intenable. On n’a jamais été autant écoutés. Nos podcasts cartonnent. Pourquoi casser un jouet qui marche ? » Si le gouvernement ne parvient pas à rassurer, des syndicats anticipent de « nouvelles mobilisations à l’automne ».
Le Progrès : Grève dans l'audiovisuel public : cinq questions sur la suppression de la redevance télé
Les salariés de France Télévisions et Radio France, mais aussi de France Médias Monde (France 24, RFI, MCD), Arte et l'Ina étaient appelés à cesser le travail mardi par une intersyndicale CGT-CFDT-FO-SNJ-SUD-UNSA-CGC-CFTC.
On vous explique les origines de cette grève et les revendications des chaînes de télévision et des radios publiques.
Pourquoi l'audiovisuel public est-il en grève ?
À l'origine du mouvement se trouve la défense de l'audiovisuel. Selon les syndicats et les grévistes, son financement et son indépendance seraient menacés par la suppression annoncée de la redevance télé au profit d'un budget courant sur plusieurs années, promis par le gouvernement. « L'exécutif souhaite remplacer dès 2022 la contribution à l'audiovisuel public (...) et assure que la fin de la redevance n'entraînera pas de baisse des moyens de l'audiovisuel public », peut-on lire sur le site de France info. Les syndicats grévistes estiment cependant que l'audiovisuel public « doit disposer d'une ressource affectée, garantissant au mieux son indépendance économique et politique tant en termes d'information que de diversité culturelle ».
Pourquoi le gouvernement souhaite-t-il supprimer la redevance ?
Cette mesure a été proposée pendant la campagne présidentielle par le président Emmanuel Macron, au titre du pouvoir d'achat. Selon le chef de l'État, cette suppression est « cohérente avec la suppression de la taxe d'habitation », l'une des mesures phares de sa campagne en 2017. D'un montant de 138 euros en métropole et 88 euros en outre-mer, la redevance télé est payée tous les ans par toute personne imposée par la taxe d'habitation. Elle ne concerne toutefois que les foyers qui détiennent un téléviseur : les autres ne la payent pas, même s'ils regardent des programmes télévisuels sur ordinateur, tablette ou smartphone. Cette redevance sert à financer l'ensemble des médias publics, comme France télévisions, Radio France, mais aussi Arte, l'Ina ou encore France 24, RFI ou TV5 Monde.
Comment seront financés les médias publics après la fin de la redevance ?
La suppression de la redevance télé « forcerait l’État à trouver 3,14 milliards d'euros supplémentaires chaque année, en plus des 560 millions qu'il versait déjà pour compenser le non-paiement de la redevance par les ménages aux revenus les plus faibles », s'inquiète France info.
L'État promet de son côté de compenser ce manque à gagner auprès des diffuseurs publics via un budget courant sur plusieurs années. « Autrement dit, par le vote chaque année, dans le cadre du projet de loi de finances, des montants qui seront consacrés à l’audiovisuel public », explique Julia Cagé, économiste spécialiste des médias, dans un rapport de la fondation Jean Jaurès paru le 27 juin.
« Nous ne savons rien du mode de collecte d’une éventuelle nouvelle contribution. Nous ne savons rien du montant des engagements futurs de l’État et de leur pérennité dans le temps », peut-on lire sur le tract de l'intersyndicale de Radio France, qui s'inquiète des financements pour la radio publique dans les années à venir.
La suppression de la redevance menace-t-elle l'indépendance des médias publics ?
Oui, selon les journalistes et autres salariés de l'audiovisuel public. Malgré le budget promis par l'État, les contestataires jugent qu'au nom de l'indépendance des médias et de leurs journalistes, le budget de l'audiovisuel public « ne peut être décidé par le gouvernement et soumis aux aléas du vote des lois de finances annuelles », qui se déroule au Parlement.
Non, d'après Bruno Le Maire. « Le financement de l’audiovisuel public sera assuré dans le respect de l’objectif à valeur constitutionnelle de pluralisme et d’indépendance des médias », avait assuré le ministre de l'Économie et des Finances au début du mois de mai.
Quand la redevance télé sera-t-elle supprimée ?
La suppression de la redevance télé fait partie des mesures du budget en faveur du pouvoir d'achat. Elle sera intégrée au projet de loi de finances rectificative (PLFR), qui sera défendue par le gouvernement en juillet devant l'Assemblée nationale. La redevance télé devrait donc disparaître dès cette année.
L’Obs : Grève des médias publics : à quoi sert la redevance audiovisuelle ?
Selon l’économiste des médias Julia Cagé, la redevance représente 82 % des recettes de France Télévisions, 85 % de Radio France et 95 % d’Arte.
Ce mardi 28 juin, les salariés de l’audiovisuel public étaient en grève contre la suppression de la redevance voulue par Emmanuel Macron. Mais comment fonctionne cet impôt aujourd’hui ? Pourquoi est-il crucial ? Voici quelques éléments de réponse.
Créée en 1933, la redevance audiovisuelle est le principal outil de financement de la radio et de la télévision publiques. Les Français disposant d’un écran de télévision et soumis à une taxe d’habitation payent un impôt d’un montant de 138 euros en métropole et 88 euros dans les outre-mer. Cet argent est ensuite distribué à Radio France, France TV, France Médias Monde (France 24, RFI, Monte Carlo Doualiya), Arte et l’INA, pour produire de l’information ou bien des fictions. Mais voilà, supprimer la redevance audiovisuelle pourrait mettre en danger ces médias. Ils sont nombreux à dépendre de cet impôt. Selon l’économiste des médias Julia Cagé, la redevance représente 82 % des recettes de France TV, 85 % de Radio France et 95 % d’Arte.
La qualité des contenus pourrait ainsi être affectée. « Produire de l’information, ça coûte cher. C’est plutôt une bonne nouvelle d’ailleurs. Mais il faut donner les moyens à l’audiovisuel public de produire cette information de qualité », commente l’économiste. C’est exactement ce qu’il s’est passé en Espagne où la suppression de la redevance a entraîné une baisse de 23,5 % du montant alloué à la RTVE (Radiotélévision espagnol). Et de facto, les audiences ont baissé.
Ce qui est plus contesté encore est la budgétisation voulue par Emmanuel Macron. En clair, il ne s’agirait plus d’une « ressource affectée » mais d’un budget pouvant changer d’année en année et soumis à un vote du Parlement. « La redevance est une ressource affectée : il y a un budget propre pour l’audiovisuel public ce qui permet qu’il n’y ait pas de renégociations en permanence entre les politiques et les présidents et présidentes de Radio France et France TV », explique Julia Cagé. (…) Cet impôt paraît cependant quelque peu désuet. « La redevance n’est pas un modèle parfait », admet Julia Cagé. Pour deux raisons. D’abord parce qu’il ne s’applique qu’aux personnes disposant d’un téléviseur et qu’aujourd’hui il est possible de regarder les contenus sur plusieurs supports. Ensuite, parce qu’il est « profondément injuste car tout le monde paie la même somme sans prendre en compte les revenus », estime l’économiste.
Pour pallier ces problèmes, Julia Cagé a publié le 3 juin dernier un rapport pour la Fondation Jean-Jaurès avec plusieurs solutions. Elle propose de remplacer la redevance soit par un prélèvement proportionnel sur les revenus, une taxe de 0,25 % sur tous les revenus soit par un prélèvement progressif en fonction des revenus de chacun.
Sur les 11 000 personnes interrogées dans le rapport, 34,5 % des enquêtés souhaitent le remplacement de la redevance par une nouvelle ressource affectée, 20,6 % d’entre elles souhaitent une suppression de la redevance et 16 % son maintien tel quel (28,9 % ne se prononcent pas).
Télérama : Fin de la redevance, fusion... Les raisons de la grève dans l’audiovisuel public
« Il faut sauver l’audiovisuel public ! » Tel est le mot d’ordre lancé dans une belle (et rare) unanimité syndicale (SNJ, CGT, CFDT, FO, Sud, UNSA, CGC, CFTC…) par les élus de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA. Les motifs de leur courroux sont nombreux : suppression annoncée de la redevance qui fragilise le financement et l’indépendance du service public, projet de fusion de toutes ses entités dans une seule et même structure et suppressions de postes qui ne manqueraient pas d’aller avec, création d’une « newsroom » qui réunirait toutes les rédactions télé et radio, regroupement de France 3 et France Bleu… Tous les salariés étaient appelés à se mettre en grève ce mardi 28 juin et à défiler à partir de midi entre Montparnasse et l’Assemblée nationale.
La première sortie médiatique de la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, au lendemain du second tour des législatives, n’a en rien rassuré. Le plus grand flou demeure sur le financement. « Cela doit passer par un débat à l’Assemblée sur le budget, c’est une mesure sur le pouvoir d’achat dont nous souhaitons qu’elle soit effective dès 2022 », a-t-elle doctement déclaré au Parisien. Pour l’heure, personne ne sait de quelles ressources l’audiovisuel public disposera l’an prochain.
Incertitude encore accrue par l’absence de majorité absolue du parti présidentiel à l’Assemblée nationale, et des débats parlementaires qui promettent de s’éterniser. (…)
« Il est fondamental qu’on bénéficie d’une ressource pérenne, dynamique et affectée pour continuer à assurer l’ensemble de nos missions en toute indépendance. »
Pour tenter de calmer les inquiétudes sur ce dernier point évidemment ultrasensible, la ministre évoque la création d’une « commission pluraliste et indépendante, [qui serait] la vigie de cette indépendance » – des discussions avec l’Arcom (ex-CSA) seraient en cours pour en définir les contours. Une option qui peine à convaincre. Comme nous le confiait un haut fonctionnaire de Bercy il y a quelques semaines, « transférer le financement de l’audiovisuel public dans le budget de l’État crée une dépendance et le place au bon vouloir de l’exécutif, ce qui par nature entame son indépendance ».
Une fois réduit à une ligne dans le budget général de l’État, le financement de l’audiovisuel public sera fatalement remis en cause chaque année, au gré des arbitrages prioritaires avec les autres services publics (santé, éducation, justice…) et des gels de circonstance. (…) « Le principe d’une taxe universelle progressive sur les écrans, à l’image de ce qui se fait déjà en Allemagne, pourrait être une piste à explorer. » Un rapport publié le lundi 27 juin par la Fondation Jean-Jaurès, qui s’appuie notamment sur les exemples scandinaves, montre d’ailleurs qu’il est tout à fait possible d’envisager des solutions garantissant à la fois pérennité de financement et indépendance du pouvoir politique.
Outre la fin de la redevance, la ministre a aussi indiqué que le gouvernement se pencherait aussi sur l’organisation de l’audiovisuel public. « Et nous verrons si cela doit se traduire par une fusion ou par des modalités plus souples permettant de développer des synergies », a-t-elle déclaré, toujours dans Le Parisien. « Fusion », un mot qui bien évidemment fait bondir les syndicats, qui redoutent le pire. (…)
À Radio France, on redoute que toute fusion se traduise irrémédiablement par une absorption de la radio par la télévision. À tel point que même Sibyle Veil, sa pdg, est sortie de sa réserve pour exprimer son opposition. « Avec un tel projet, il y a un vrai risque de filialisation de France Bleu dans France 3, estime Matthieu Darriet, co-secrétaire du SNJ Radio France. Quant aux projets de newsroom qui réunirait toutes les rédactions des chaînes télé et radio, cela traduit une réelle méconnaissance de nos métiers. » La lutte promet d’être longue et la rentrée… très agitée.
France 24 : Comment l’audiovisuel public est-il financé dans les autres pays européens ?
Participation en fonction des revenus, prélèvement sur la facture d’électricité, fin de la gratuité de certaines émissions… À l’heure où la redevance audiovisuelle est en passe d’être supprimée par le gouvernement français, France 24 vous propose un tour d’horizon des modèles de financement des médias de service public chez nos voisins européens.
Vers une BBC payante au Royaume-Uni ?
Dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat, la France n’est pas le seul pays à renoncer à sa redevance audiovisuelle. Au Royaume-Uni, où elle finance trois quarts des ressources de la BBC, le gouvernement de Boris Johnson a annoncé sa suppression pour 2027. Plusieurs pistes sont à l’étude outre-Manche : les conservateurs britanniques pourraient autoriser la diffusion de publicité, fermer certaines chaînes de la BBC, imposer une taxe aux fournisseurs d'accès à Internet ou encore rendre payantes certaines émissions ou stations sur le modèle des plateformes comme Netflix ou Amazon Prime, ce qui poserait un sérieux problème d’égalité d’accès à un service public.
En attendant, les Britanniques continuent chaque année de payer 159 livres de redevance, soit 190 euros.
La redevance versée directement à l’audiovisuel public en Allemagne
Au total, indique Julia Cagé, 13 des 27 pays membres de l’Union européenne continuent de recourir à la redevance, parmi lesquels la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, l’Italie ou encore le Portugal.
Les Français sont loin de payer le plus cher leur participation aux médias de service public. En Allemagne, celle-ci revient à 210 euros par an, mais la modalité de prélèvement diffère. La redevance est directement prélevée par une agence entièrement contrôlée par les chaînes elles-mêmes afin d’assurer l’indépendance totale de l’audiovisuel public par rapport au gouvernement, rappelle Julia Cagé dans son rapport.
Autre différence de taille, tous les foyers allemands sont redevables de l'impôt – pas seulement ceux disposant d'un poste de télévision comme en France –, selon le principe que tous les Allemands profitent des médias de service public, même sans posséder un téléviseur, puisqu'ils peuvent consulter les sites web de ces médias sur leur smartphone, écouter des émissions en podcast ou en visionner en replay. Sur ce point, la France faisait donc figure d’exception jusqu'ici, au même titre que l’Irlande, la Pologne, l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine.
Or, de plus en plus de Français utilisent leur smartphone, leur ordinateur ou leur tablette pour regarder les productions des chaînes de télévision, même si – selon l’Observatoire de l'équipement audiovisuel des foyers – le téléviseur reste l'écran le plus répandu. Toutefois, sa part baisse régulièrement, avec 91 % des foyers équipés d’un téléviseur en 2021, contre 93,4 % en 2018.
Un impôt en fonction des revenus dans les pays nordiques
En Suède, la redevance de 250 euros a été remplacée en 2019 par une "taxe de service public" égale à 1 % du revenu imposable de chaque Suédois, et non pas liée au foyer fiscal. Les plus modestes qui ne sont pas imposables ne paient pas. Tout en étant plus égalitaire, le nouvel impôt a permis une augmentation des ressources financières de l’audiovisuel public, relève le rapport Cagé, qui invite le gouvernement français à explorer la piste suédoise.
Autre pays nordique à avoir innové dans les modalités de financement de ses médias publics, la Norvège a instauré un impôt individuel par tranche en fonction des revenus, entraînant "une diminution importante des montants payés pour les ménages les plus modestes, compensée par une augmentation pour les individus les plus aisés, tout en maintenant des ressources équivalentes pour l’audiovisuel public".
Enfin, la Finlande propose non seulement de faire payer les contribuables en fonction de leurs revenus, mais aussi "les sociétés, personnes morales, coopératives, les municipalités, les caisses d’épargne, les fonds d’investissement et les fondations". À noter qu'une participation des entreprises est également demandée en Allemagne.
L’Espagne veut taxer Netflix et Amazon Prime
En Italie, la redevance est intégrée à la facture d’électricité et la publicité représente une part importante des ressources de la RAI.
L’Espagne, quant à elle, n’a jamais imposé de redevance audiovisuelle, mais les médias publics ont longtemps compté sur des financements de l’État, et surtout sur de généreuses recettes publicitaires. À tel point que la Commission européenne lui a reproché de ne pas respecter les 20 minutes d’intervalle obligatoire entre chaque coupure publicitaire. Mais depuis la suppression de la publicité sur les chaînes publiques en 2010, le pays peine à financer ses médias.
Le gouvernement a taxé pendant plusieurs années les opérateurs télécom, mais il a fait machine arrière l’an dernier et envisage désormais de demander aux plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime de verser 1,5% de leurs revenus annuels générés en Espagne à l’audiovisuel public national.
France 24 : Audiovisuel public : une grève massivement suivie dans un contexte de flou inquiétant
A l’appel d’une intersyndicale de huit organisations dont FO, les personnels de l’audiovisuel public étaient en grève et manifestaient ce 28 juin, à Paris, notamment. Une journée d’action massivement suivie. Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, est venu apporter le soutien de la confédération. Au sein de France Télévisions, dont 25% des salariés du siège parisien ont débrayé, on comptait par exemple 45% de grévistes dans le réseau de France3. La suppression de la redevance audiovisuelle, sans piste alternative sérieuse de financement à ce jour, alarme les salariés du secteur, de même que la proposition de fusion des quatre grandes entités du service médiatique public.
Dans les couloirs de France Télévisions et de Radio France, l’heure est aux questionnements. Les murs des vénérables institutions du service audiovisuel public ont tremblé deux fois. D’abord, l’annonce pendant la campagne présidentielle de la volonté d’Emmanuel Macron de supprimer la contribution à l’audiovisuel public (CAP), autrement dit, la redevance. Puis, début juin, un rapport sénatorial a proposé de fusionner les quatre entités de l’audiovisuel public : Radio France, France Télévisions, France Médias Monde (RFI et France 24) et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
La redevance contribue à une forme de stabilité et d’indépendance
Cherchant à obtenir des réponses dans cet immense flou, les salariés du secteur ont appelé à la grève ce 28 juin, jour symbolique de l’investiture des nouveaux députés, puisque c’est le Parlement qui aura la responsabilité de voter le projet de loi de finances rectificative en juillet, explique Bruno Demange.
Le gouvernement présente en effet la fin de la redevance comme une mesure de pouvoir d’achat. A moins de supprimer le service public audiovisuel, c’est un mensonge, estime le secrétaire général du syndicat : ce que les gens ne sortent plus de leur poche gauche sortira de leur poche droite. On essaye de mettre la poussière sous le tapis.
La CAP s’élevait jusqu’à présent à 138 euros par an par foyer équipé d’un téléviseur. Soit 38 centimes d’euros par jour : le tiers d’une baguette de pain, rappelle FO Médias dans un communiqué. La redevance contribue à une forme de stabilité et d’indépendance, détaille le militant FO. Nous n’étions pas tributaires d’arbitrages politiques, comme peuvent l’être d’autres structures financées directement par l’État.
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