Nadine Doudard, 57 ans, est technicienne de production et déléguée centrale FO chez Yves Rocher. Le syndicat vient de faire invalider en justice un accord de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) prévoyant la suppression de 300 postes. Il est aussi intervenu pour empêcher la fermeture de l’usine de parfums de Ploërmel.
Sauver l’emploi, c’est la priorité de Nadine Doudard, déléguée centrale FO chez Yves Rocher. Et sur ce point, le syndicat vient de remporter deux victoires consécutives. En janvier dernier, la direction avait annoncé la suppression de 300 postes en trois ans dans le cadre d’un accord de gestion des emplois et parcours professionnels (GEPP) signé par deux syndicats majoritaires. L’usine de parfums de Ploërmel semblait également condamnée. Ces deux annonces avaient provoqué un véritable séisme dans le Morbihan, berceau du fleuron de la cosmétique végétale.
Contestant la légitimité juridique de l’accord GEPP, le syndicat, avec l’aide de l’union départementale FO, avait saisi le tribunal judiciaire de Vannes. Et il a obtenu gain de cause : l’accord a été invalidé le 15 novembre.
Quant à l’usine de Ploërmel, la direction a annoncé fin septembre le maintien de l’activité et la recherche d’un repreneur.
"Si on n’avait pas alerté dans les médias, l’usine aurait été fermée en catimini," estime Nadine. "On attend de voir qui sera l’acquéreur et on négociera avec lui pour préserver les droits des salariés. J’ai déjà vécu une situation similaire, je vais être vigilante."
Lutter contre les injustices
Cette situation similaire, c’était en 2008, lorsque le service de préparation des commandes, dans lequel elle travail- lait alors, avait été cédé à une filiale de La Poste. Les salariés avaient dû suivre, avec une garantie d’emploi de cinq ans. Mais au fil du temps, les commandes s’étaient amenuisées. Nadine, à la tête du syndicat FO, majoritaire, avait alors négocié la réintégration d’une partie du personnel chez Yves Rocher. Elle-même avait retrouvé l’entreprise en 2012. Elle est aujourd’hui technicienne de production à La Gacilly, où elle fabrique des tubes de gel douche, de crème pour les mains et d’après-shampooing.
Si elle a perdu ses mandats lors du transfert, elle a été désignée déléguée centrale en 2014, et elle l’est toujours. Un mandat pour lequel il faut savoir temporiser sans pour autant rester sur le banc.
C’est grâce à son aplomb que Nadine a découvert le syndicalisme. Fille d’un artisan devenu restaurateur, elle enchaîne les missions d’intérim jusqu’à son embauche en 2001. Elle avait évolué bien loin des syndicats jusque-là, mais un an après son arrivée, lors d’une réunion, elle n’hésite pas à interpeller la direction à propos d’un plan de réorganisation.
"Un délégué syndical était venu me voir à la fin pour me proposer de rejoindre FO, il m’avait dit tu parles bien et tu n’as pas peur de la direction," sourit-elle.
Ce qui l’anime dans l’engagement syndical ? Lutter contre l’injustice, aider les salariés à défendre leurs droits et apprendre. Elle vient ainsi de se former sur le handicap pour lutter contre l’augmentation des licenciements pour inaptitude. L’état d’esprit a changé depuis quelques années, regrette-t-elle. Le fondateur de l’entreprise se souciait des ouvriers. Aujourd’hui, il y a moins d’humanité.
La GEPP était une manière de faire le tri dans le personnel. Mais ce sont les anciens qui ont fait en sorte que l’entreprise monte en puissance, on a besoin de tout le monde.
Journaliste à L’inFO militante
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