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🔴 InFO Militante | NAO 2024 dans les pharmacies d’officine : FO à l’offensive face au blocage patronal


🔴 InFO Militante | NAO 2024 dans les pharmacies d’officine : FO à l’offensive face au blocage patronal

Bien que seize coefficients de la grille des pharmacies d’officine soient passés sous le salaire minimum légal depuis janvier, les négociations salariales de branche sont restées au point mort. A quelques jours de la septième séance de négociations, la fédération FO des Métiers de la pharmacie alerte sur l’urgence salariale et menace de mobiliser les salariés si les chambres patronales persistent dans leur refus de négocier.


FO revendique une hausse de 6% de la valeur du point.

Alors que les interlocuteurs sociaux de la branche des pharmacies d’officine doivent se retrouver le 16 septembre pour une septième séance de négociations sur les NAO 2024, après dix mois de blocage et de réunions successivement ajournées, la fédération FO des métiers de la pharmacie, première organisation, hausse le ton.


Lundi 9 septembre, elle organisait une conférence de presse pour alerter les médias sur l’urgence salariale et dénoncer « l’attitude globale » des employeurs qui, pour FO, dégrade l’attractivité du secteur, déjà confronté à des difficultés de recrutement et à une pénurie de personnels.


« Les chambres patronales doivent cesser de se comporter comme si les salariés n’existaient pas ! », a martelé David Brousseau, secrétaire fédéral FO de la pharmacie d’officine.


« Cette carence de négociations place les salariés dans une position dramatique. L’absence de dialogue social est préjudiciable à tous, aux salariés et à l’avenir de la branche »,

a renchéri Sylvia Veitl, secrétaire générale de FO Métiers de la pharmacie, laboratoires de biologie médicale, cuir et habillement, qui a déploré « l’absence d’engagements du patronat sur tous les sujets ». « L’exaspération parmi les salariés monte. FO persiste à vouloir privilégier le dialogue social. Mais, si les blocages continuent dans les mois à venir, la fédération pourrait demander à ses adhérents, et plus largement aux salariés, de se mobiliser par la grève », a mis en garde la militante. « La confédération soutient pleinement la fédération FO des métiers de la pharmacie. Les organisations patronales doivent négocier ! Il faut redonner toute sa place à la négociation collective », a appuyé le secrétaire confédéral FO Frédéric Souillot, qui a rejoint la conférence de presse.


Seize coefficients de la grille conventionnels rattrapés par le Smic


C’est un euphémisme de parler d’urgence salariale dans les 20.000 pharmacies d’officine présentes dans le pays. Seize coefficients de la grille conventionnelle (sur 25, hors encadrement) ont été rattrapés par le salaire minimum légal depuis sa dernière revalorisation en janvier, et alignés sur celui-ci. 20% des 134 500 salariés sont concernés par ce tassement extrême de la grille hiérarchique. Soit près de 27 000 employés situés entre les coefficients 100 et 220 inclus. Et ce tassement des salaires conventionnels menace de « Smicardisation » les préparateurs en pharmacie en début de carrière. « Un préparateur au premier coefficient (240) gagne un peu plus de 50 euros, en salaire mensuel net, qu’un Smic, à temps plein », a précisé David Brouseau.


Problème, « 90% des entreprises de la branche sont des TPE, où le pharmacien titulaire fait office de DRH. Souvent, les salariés n’osent pas demander plus que ce qui a été négocié en branche. C’est ce que révèle la centaine d’appels que FO reçoit chaque mois », a rappelé le militant.


« Quand il ne se passe rien en branche, il ne se passe rien dans les entreprises »,

a ajouté Sylvia Veitl. Documents à l’appui, la fédération a démontré « la perte de pouvoir d’achat déjà massive » subie par les salariés depuis la reprise de l’inflation en 2022, les augmentations concédées en dans la branche en 2022 et 2023 n’ayant pas compensé l’explosion des prix à la consommation. « Les chambres patronales ont beau afficher 9% d’augmentation salariale sur 2022 et 2023, le compte n’y est pas, lorsqu’on prend en compte les retards d’application des accords salariaux de branche, qui sont dus aux délais d’extension », a expliqué David Brouseau.


Pour la fédération FO, l’augmentation globale obtenue ces deux dernières années serait plus proche de 5%. Ce n’est donc en rien une véritable compensation de l’inflation établie par l’Insee (en moyenne annuelle) à 5,2% en 2022 et à + 4,9% en 2023.


FO revendique une hausse de 6% de la valeur du point


Dans ce contexte, FO revendique une augmentation de 6% de la valeur du point conventionnel (aujourd’hui à 5,067 euros de l’heure) pour les NAO 2024. « Rien ne s’y oppose, économiquement parlant », a martelé Sylvia Veitl, évacuant l’argument opposé depuis dix mois par les représentants des employeurs. Depuis décembre 2023, ils motivent leur refus de négocier la revalorisation de la valeur du point conventionnel par « l’absence de visibilité économique » tant que les négociations conventionnelles avec l’Assurance-Maladie ne sont pas finalisées... Sauf que c’est chose faite depuis juin : l’avenant économique à la convention nationale pharmaceutique, qui a été signé par l’une des deux chambres patronales, acte 1 milliard d’euros de rémunération supplémentaire pour le secteur à l’horizon 2027, par rapport à 2019…


FO exige également la reprise des négociations sur les classifications, également suspendues par le patronat il y a dix mois, au prétexte toujours de ses négociations difficiles avec l’Assurance-Maladie. Pour des évolutions de carrière plus attractives, la fédération ne manque pas de propositions, dont notamment l’instauration d’un écart minimum constant entre le premier coefficient de la grille salariale (coefficient 100) et le montant du Smic, la suppression des premiers échelons pour les préparateurs en pharmacie (pour une entrée dans la grille au coefficient 260) ou encore l’introduction de nouveaux coefficients pour les pharmaciens adjoints afin d’étoffer leurs perspectives d’évolutions, salariale et de carrière. « La branche a besoin d’une vision à moyen et long terme. C’est ce que demandent les salariés », commente Sylvia Veitl.


Journaliste à L’inFO militante

Le bimensuel de la Confédération

 
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