Si FO reçue le 16 mai, a répondu à l’invitation de la Première ministre, comme les autres organisations syndicales, pour des rencontres bilatérales, Frédéric Souillot a réaffirmé la continuité du combat contre la réforme des retraites dont FO demande, avec l’intersyndicale, l’abrogation. FO a apporté aussi ses revendications, nombreuses. Ainsi sur les salaires dont le Smic, sur la négociation collective, sur l’emploi et sa prise en compte dans le cadre de la transition écologique, sur les fins de carrière et la pénibilité, sur la conditionnalité des aides publiques aux entreprises, sur le refus de réformes qui attaquent les droits, sur les services publics et la nécessité de moyens à la hauteur... Sur tous ces dossiers et bien d’autres, FO porte sa voix déterminée.
Un dialogue tout hypothétique...
La rencontre fut courtoise, mais ferme. Frédéric Souillot a ainsi remis à la Première ministre un badge portant la mention retrait, pour bien lui signifier la position de l’organisation syndicale quant à la réforme des retraites. La feuille de route de l’exécutif visant un apaisement social n’a rien d’acquis et FO porte et portera fermement ses revendications. Si elle a accepté de rencontrer la Première ministre le 16 mai, la confédération demande toujours en effet l’abrogation de la réforme des retraites. Par ailleurs, rappelant ses exigences sur la place à redonner à la négociation collective, FO s’est toujours opposée au carcan du cadrage, soit une forme de diktat de l’exécutif. En amont des bilatérales, Élisabeth Borne avait laissé entendre que les syndicats seraient invités à fixer leur agenda social autonome, soit le rythme et le contenu des discussions entre les syndicats de salariés et le patronat. Tout en suggérant fortement certains sujets, dont la pénibilité non traitée dans la réforme.
Plus largement, ces derniers mois, hors même les retraites, les points de contestation se sont déjà accumulés. Ainsi sur l’Assurance chômage dont FO condamne toujours la réforme. Et elle s’oppose au conditionnement du RSA à des heures d’activité dans le cadre du projet de loi sur le plein emploi, qui devrait arriver début juin. Projet, a indiqué la Première ministre le 13 mai, qui prévoira des sanctions contre les personnes qui ne respecteraient pas ce que le gouvernement nomme un accompagnement.
Alors que de telles réformes se font sur le dos des demandeurs d’emploi et des salariés, cela au nom de la réduction des déficits publics, le gouvernement ne cesse de multiplier les cadeaux aux entreprises, et sans contrepartie. En témoigne les nombreux allégements de cotisations sociales ou encore la suppression dès 2023 (sur deux ans) de la CVAE, cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.
Par ailleurs, le 11 mai, Emmanuel Macron, dans le cadre de son annonce d’un nouveau plan de réindustrialisation, a fait état du projet de crédit d’impôt industrie verte à destination des entreprises. FO continuera de revendiquer que les aides publiques, pléthoriques, aux entreprises (plus de 150 milliards d’euros par an) soient conditionnées, avec des contreparties en termes d’emplois et de salaires.
L’urgence des augmentations salariales
Si Élisabeth Borne presse les branches de négocier sur les salaires, pour FO, les résultats ne sont pas à la hauteur. Alors qu’une forte inflation sévit toujours depuis plus d’un an, dans la plupart des cas les hausses la couvrent à peine.
FO insiste aussi, et notamment depuis l’été dernier, sur la nécessité d’un retour à un mécanisme d’échelle mobile des salaires, soit répercuter une revalorisation à tous les niveaux d’une grille salariale, ce qui signifie garantir les écarts entre les niveaux et éviter le tassement de la grille.
FO milite aussi pour un coup de pouce massif au Smic afin que celui-ci atteigne au minimum 80 % du salaire médian. L’exécutif s’y refuse toujours, se cantonnant à la stricte revalorisation automatique du Smic sur l’inflation. Très insuffisant. Comme il se refuse à la revalorisation de la valeur du point d’indice des agents publics.
L’augmentation des salaires et l’emploi sont pour FO pourtant les sujets prioritaires, qu’il aurait fallu voir avant d’imposer une réforme des retraites injuste, injustifiée et brutale. Car qui dit emploi et hausse des salaires veut dire plus de recettes pour notre protection sociale collective, donc pour nos régimes de retraites. La réforme, imposée par un 49-3 tout aussi brutal, n’était donc pas justifiée si le gouvernement avait pris les sujets par le bon bout, comme l’indiquait hier soir, au sortir de Matignon, Frédéric Souillot.
Journaliste à L’inFO militante L’INFO MILITANTE
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