Alors que le rapport du Haut Conseil à l’Egalité (HCE) sur le sexisme alerte sur un risque
de régression des droits des femmes, ce 8 mars 2024 doit être l’occasion de rappeler que l’égalité entre les femmes et les hommes est un principe constitutionnel qui doit se concrétiser, dans la vie de tous les jours et dans le monde du travail.
Malgré la grande cause nationale du quinquennat pour l’égalité femmes-hommes, nos organisations constatent l’absence d’avancées concrètes que ce soit en matière de rémunération, d’articulation des temps de vie ou de violences sexistes et sexuelles dans le monde du travail. De fait, les conditions de vie et de travail des femmes restent trop souvent l’impensé des politiques publiques et des stratégies RH des employeurs.
Des inégalités au travail qui perdurent.
« Tout employeur est tenu d’assurer, pour un même travail ou un travail de valeur égale,
l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes » Cette loi française de décembre
1972, et celles qui ont suivi, ne sont toujours pas pleinement respectées et n’ont toujours
pas permis d’atteindre l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes.
o En 2024, l’écart moyen est encore de 24% dans le secteur privé et de 14% dans les
fonctions publiques. Plus diplômées que les hommes, elles sont pourtant moins
nombreuses sur les postes cadres (39 % dans le privé, 43 % A+ FP)
o Concentrées dans des métiers dits « féminins » (55 % des emplois à bas salaires du
secteur privé), leurs compétences y sont moins reconnues et moins valorisées.
o Elles représentent 63% des salarié·es du secteur public et sont majoritaires dans les
métiers administratifs, du nettoyage, de l’éducation, de la santé et du social.
o Elles représentent 58% des salarié·es payé·es au SMIC.
o Assignées à leur rôle de mère, elles occupent 80 % des emplois à temps partiel et
95 % des congés parentaux. Le poids de la parentalité, incluant la double journée et
la charge mentale, pénalise exclusivement la carrière des mères, accentuant encore
les inégalités salariales.
o Retraitées, leur pension est en moyenne inférieure de 40 % à celle des hommes.
o En matière de Violence Sexistes et Sexuelle dans le monde du travail, 30% des
salariées ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail et
70 % de ces victimes de violences au travail déclarent n’en avoir jamais parlé à leur
employeur.
Des revendications syndicales claires
▪ Alors que la Première ministre a proposé de bâtir un nouvel index lors de la clôture
de la conférence sociale du 16 octobre 2023, nos organisations rappellent leur
revendication d’aboutir à une obligation de transparence sur les rémunérations et les
carrières et de sanctions pour les entreprises qui discriminent.
▪ Nos organisations réclament la revalorisation des métiers à prédominance féminine
et l’application de la loi qui garantit un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Nous demandons que soit rendue obligatoire et dans un délai contraint, l’ouverture
de négociations portant sur les classifications dans le privé et les grilles indiciaires
dans la fonction publique en vue de reconnaitre et valoriser les missions, les
qualifications et compétences mises en œuvre dans les métiers et corps « à
prédominance féminine ».
▪ Nos organisations avaient salué le premier pas d’allongement du congé paternité qui
allait dans le sens d’un meilleur partage de la parentalité. Le gouvernement annonce
aujourd’hui la création d’un congé de naissance de 6 mois, en remplacement du
congé parental, sans nous avoir informés des contours exacts de ce nouveau
dispositif. A ce stade, nous craignons que ce soient les femmes qui paient le coût de
cette mesure, contraintes de renoncer à leur emploi faute de mode d’accueil de
jeunes enfants en nombre suffisants. Pour rappel, il manque au minimum 200 000
modes de garde. Nos organisations réclament que, au-delà de ce nouveau congé de
naissance, le congé parental soit maintenu jusqu’au 3 ans de l’enfant et qu’il soit
mieux rémunéré.
▪ Nous demandons un investissement massif dans les services publics pour garantir
le droit à une place d’accueil pour chaque enfant mais aussi pour répondre aux
problèmes liés à la perte d’autonomie des personnes âgées. A défaut, ce sont les
femmes qui majoritairement pallient les manques de solutions, au détriment de leur
vie professionnelle.
▪ Alors que les chiffres de Violences Sexistes et Sexuelles dans le monde du travail
demeurent élevés, le gouvernement s’est contenté d’appliquer à droit constant la
convention 190 de l’OIT que la France a ratifiée, sans tenir compte de la
recommandation 206 de l’OIT qui y est associée. Nos organisations rappellent leur
demande que la France aille au bout de ses engagements et que des concertations
soient rapidement ouvertes pour intégrer de nouveaux dispositifs dans la loi.
Obligeons le gouvernement et le patronat à respecter la loi et mettre en œuvre l’égalité
réelle.
Ce 8 mars, nos organisations syndicales rappellent que l’égalité entre les femmes et les
hommes, y compris au travail, est un enjeu de justice sociale majeur qu’il faut faire aboutir,
ici et maintenant.
FO56
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